« Circulez, tout est à boire »

Communiqué de de Nature Environnement 17 sur le déclassement du métabolite du pesticide chlorothalonil dans l’eau potable et la réouverture de captages par la CDA de La Rochelle.

L’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES) a réhabilité le 29 avril dernier un produit de décomposition (métabolite) du chlorothalonil, fongicide très utilisé jusqu’à son interdiction en mai 2020.

Ce métabolite, soluble et rémanent, a été retrouvé dans 60 % des eaux brutes françaises pour l’eau potable. Jugé « pertinent », c’est-à-dire dangereux pour la santé humaine, sa présence avait entraîné la fermeture de nombreux captages d’eau potable sur la CDA de La Rochelle.

Revirement, il est désormais classé « non pertinent ». L’eau potable redevient ainsi mécaniquement « conforme », le seuil ayant été relevé à 0,9 µg/litre.

Or, l’évaluation de l’ANSES est incertaine : seul le fabricant du pesticide a fourni les éléments conduisant au déclassement sans aucune validation scientifique extérieure. Les protocoles d’essais restent inconnus, l’effet cocktail n’a pas été analysé tout comme les effets à long terme.

Pourtant, selon le Guide européen de l’évaluation de la pertinence des métabolites, le métabolite du chlorothalonil reste « pertinent », dangereux pour la santé humaine. Ce classement dangereux est partagé par d’autres pays tels que la Suisse ou encore la Chine qui range même le même métabolite dans la catégorie des perturbateurs endocriniens.

Nature Environnement 17 dénonce le déclassement décidé par l’ANSES qui permet la présence de ce pesticide dans l’eau du robinet et la remise en service de captages pour faire face à la pointe estivale. Pour protéger réellement la population, la norme de 0,1 µg/litre aurait dû être conservée.

De l’avis de notre association, il est primordial que le principe de précaution guide les décisions nationales pouvant affecter la santé de la population ainsi que les actions des collectivités, chacune dans son domaine de compétence. La situation est d’autant plus problématique que l’approvisionnement en eau potable de La Rochelle passe pour 30% par ces captages et pour 70% par l’eau traitée de la Charente, un des fleuves les plus pollués de France.

Le coût d’éventuels traitements ne peut être laissé à la seule charge du consommateur :  quid des contributions des fabricants et des principaux utilisateurs agricoles ?

Il faut impérativement agir sur les périmètres de captages d’eau potable : l’Etat est directement concerné, comme les responsables agricoles, pour arriver à interdire tout usage de pesticides dans ces périmètres réservés à l’eau potable.

Si la CDA de la Rochelle est engagée dans l’élimination des pesticides (contrat local de santé, projet alimentaire territorial, …), elle rencontre malheureusement de vives oppositions lorsqu’elle tente de régler le problème à la source en prônant une transition agricole ( cf sortie du plan écophyto , l’échec de la médiation locale, ..).

Il est indispensable que l’ensemble de nos élus portent politiquement ce sujet de façon courageuse et énergique. Il n’est plus acceptable de continuer à subir la présence de pesticides dans l’eau potable, les impacts sur l’environnement, le tout dans un contexte où la science alerte sur la raréfaction à venir de la ressource en eau. Moins l’eau sera abondante, plus les concentrations de pesticides et les coûts liés à la dépollution supportés par la population seront élevés.

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